L’expression « Labè Ko l’école », souvent lancée sur un ton léger, voire moqueur, porte pourtant en elle un poids historique et culturel considérable. Elle ne vise ni à ridiculiser une région, ni à stigmatiser une communauté. Elle rappelle un fait essentiel : dans le Fouta théocratique, les grandes écoles coraniques étaient toutes établies dans le Diwal de Labé. Labé fut – et demeure – une terre de savoir, de transmission et de spiritualité.
Malheureusement, certains – par ignorance ou par malveillance – détournent cette vérité, la déforment ou s’en offusquent sans en connaître le sens profond. Pire encore, certains imams, depuis la chaire de la mosquée, se permettent d’y répondre par des sermons teintés de provocation, de théâtralité, et parfois même de vulgarité.
Soyons clairs : la mosquée n’est ni une scène de théâtre, ni une tribune politique. L’imam n’est pas un comédien ; il est un guide spirituel. Sa mission n’est pas de divertir, mais de prêcher la paix, la foi et la vérité, dans le respect du caractère sacré de la maison d’Allah. Quand le sermon du vendredi devient un spectacle hebdomadaire, il éloigne les fidèles de l’essentiel et transforme la chaire en scène de division.
Oui, nous aimons les plaisanteries entre préfectures – elles font partie de notre culture, de notre vivre-ensemble. Mais la mosquée n’est pas le lieu pour cela. Ceux qui veulent défendre leur imam sont libres de le faire. Mais qu’ils se posent cette question essentielle : où était cette même voix religieuse quand Labé était en détresse ? Où était-elle quand des ambulances étaient visées ? Quand des innocents tombaient dans les rues, victimes de l’injustice ?
Je ne suis ni juge, ni censeur. Je n’écris pas pour condamner, mais pour alerter. Car ce que certains croient être une simple réponse à une blague creuse en réalité des fossés entre les fils d’un même peuple. Et ces divisions – ne nous y trompons pas – profitent davantage aux politiciens qu’au peuple.
Il est temps que chacun prenne conscience du poids de ses mots, surtout lorsqu’il occupe une position d’autorité morale ou religieuse.
Enfin, à ceux qui s’empressent de répondre sans même connaître l’histoire de notre région, je dirai ceci : je n’ai ni le temps ni l’énergie de vous expliquer la portée de la première rencontre à Timbi, ni la grandeur du Fouta d’antan, à ceux qui ignorent même l’histoire liée à leur propre circoncision. Ce serait une cause perdue.
Mais que chacun médite ceci :
« Labè Ko l’école » n’est pas une moquerie. C’est un héritage. Un symbole. Une fierté.
Et cela ne devrait jamais être un sujet de division, mais un motif de respect.
NB : Je suis un artiste aujourd’hui, et cette page du débat est tournée chez moi. Donc… au suivant.
Une question ?
Mamadou Thug
Artiste comédien – Membre du CNT sur Yimbayanews.com