Paris, mardi 21 octobre 2025 — L’ancien président français Nicolas Sarkozy a été incarcéré ce mardi matin à la prison de la Santé, à Paris, pour y purger une peine de cinq ans d’emprisonnement. Condamné en septembre dernier pour association de malfaiteurs dans le cadre de l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, l’ex-chef de l’État devient le premier ancien locataire de l’Élysée à être placé en détention depuis Philippe Pétain, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Une exécution provisoire malgré l’appel
Arrivé peu avant 9h30 à la prison du 14ᵉ arrondissement, Nicolas Sarkozy, 70 ans, débute sa détention bien que son appel soit toujours en cours. La cour avait assorti sa peine d’une exécution provisoire, rendant son incarcération immédiate. Le Parquet national financier (PNF) avait requis sept ans de prison et cinq ans d’inéligibilité à son encontre.
L’ancien président, mis en examen en 2018, est soupçonné d’avoir reçu des fonds de l’ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne victorieuse de 2007. Il a été relaxé des accusations de corruption passive et de recel de détournement de fonds publics, mais reste condamné pour association de malfaiteurs.
« La vérité triomphera »
Avant de quitter son domicile parisien, Nicolas Sarkozy, accompagné de son épouse Carla Bruni-Sarkozy, a salué ses soutiens massés devant son immeuble. Dans un communiqué publié peu avant son départ, il a dénoncé une décision « animée par la vengeance » et promis que « la vérité triomphera ».
Selon son avocat Christophe Ingrain, une demande de mise en liberté a été déposée dès son incarcération.
Des conditions de détention surveillées
À la Santé, l’ancien président sera logé seul dans une cellule de 9 à 12 m², située dans le quartier réservé aux détenus considérés comme vulnérables. Il y bénéficiera d’une douche privative, d’un téléphone sous surveillance, d’une télévision payante et pourra recevoir trois visites par semaine.
Conformément au règlement intérieur, Nicolas Sarkozy a emporté trois livres et dix photos personnelles. Selon Le Parisien, il a choisi Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas — l’histoire d’un homme injustement emprisonné — et une biographie de Jésus de Jean-Christian Petitfils.
Une décision qui divise la classe politique
L’incarcération de Nicolas Sarkozy a provoqué une vive émotion dans les rangs de la droite et de l’extrême droite. Emmanuel Macron, qui entretient des relations cordiales avec l’ancien président, l’a rencontré la veille de son entrée en détention.
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a quant à lui annoncé son intention de lui rendre visite à la prison. Une initiative jugée « inappropriée » par le procureur général Rémy Heitz, qui y voit un risque pour « la sérénité de la justice ». Darmanin s’est défendu, invoquant son « devoir de vigilance » en tant que chef de l’administration pénitentiaire.
Déjà condamné en 2023 dans l’affaire dite des « écoutes », Nicolas Sarkozy purge désormais une seconde peine, cette fois derrière les murs de la Santé — un symbole lourd de sens pour l’histoire politique française.
Mohamed Said Azhary pour Yimbayanews.com