L’histoire, capricieuse et implacable, se souvient de tout. Elle grave dans le marbre des siècles les heures de gloire et de lumière, mais aussi les ombres les plus épaisses. Or, parmi ces ténèbres que le temps n’efface point, il en est une qui, depuis dix-sept ans, pèse sur la conscience de la nation guinéenne : le massacre du 28 septembre 2009.
Dix-sept ans ! Dix-sept ans que des mères pleurent leurs fils, que des épouses restent veuves de l’injustice, que des corps meurtris portent encore l’empreinte indélébile du supplice. Dix-sept ans que la douleur se tait ou crie, que l’attente s’étire, interminable. Mais voici qu’enfin l’heure de la reconnaissance a sonné, et voici que la République, sous l’égide du Général d’Armée Mamadi Doumbouya, se dresse et proclame : Justice sera faite !
Par décret, le Chef de l’État, en digne gardien du pacte social, a ordonné que l’indemnisation des victimes soit pleinement assurée par le Budget National de Développement. Ainsi, la nation, telle une mère repentante, vient panser les plaies qu’elle n’a que trop laissé saigner. Ce geste n’est point une aumône, point une faveur, mais un devoir. Oui, un devoir ! Car une République qui ne prend soin de ses martyrs n’est plus qu’un spectre errant sur les ruines de sa propre grandeur.
Une tragédie que l’oubli ne saurait ensevelir
Que nul n’oublie ! Que nul n’ose détourner les yeux de cette journée funeste où l’innocence fut massacrée. Le 28 septembre 2009, alors que le peuple, ivre d’espoir et assoiffé de liberté, s’était levé dans la ferveur du droit, il fut foudroyé par la barbarie. Des vies fauchées, des corps souillés, des âmes brisées sous le joug impitoyable de la répression. Et depuis, l’attente, interminable et cruelle, se dressait en spectre sur la conscience nationale.
Mais aujourd’hui, voici que le vent tourne, voici que l’histoire s’écrit avec d’autres plumes que celles du silence et de l’indifférence. Aujourd’hui, l’État se souvient et répare. Aujourd’hui, l’injustice recule.
Un acte de justice et de grandeur
En ordonnant cette réparation, le Président de la République pose un acte qui dépasse l’indemnisation matérielle. Il rend aux victimes un honneur que l’Histoire leur avait volé, il restaure une mémoire que l’oubli menaçait d’engloutir. Car, n’en doutons point, un peuple qui se refuse à regarder son passé en face court à sa perte.
Mais sachons-le aussi : l’indemnisation, bien qu’essentielle, ne saurait être l’alpha et l’oméga de la justice. Il faut que l’esprit du droit l’emporte sur la tentation du silence, que l’on enseigne aux générations futures ce qu’il en coûte de laisser l’arbitraire régner. Il faut que cette République, qui aujourd’hui répare, demain protège, afin que jamais plus la terre guinéenne ne soit souillée par les larmes de l’injustice.
L’espérance d’un avenir juste et fort
Ainsi donc, le socle de la réconciliation se renforce, et la justice, longtemps attendue, se fraie un chemin dans la cité. Mais que l’on s’en souvienne : c’est dans la constance de l’action que se mesure la grandeur d’un État. Il ne suffit pas de réparer les blessures d’hier, il faut encore bâtir un demain où la justice ne sera plus une conquête, mais une évidence.
À présent, que la Guinée avance, forte de son passé et consciente de son avenir ! Que la mémoire des martyrs du 28 septembre ne s’éteigne jamais ! Que ce décret ne soit pas une conclusion, mais un commencement ! Car il est une vérité immuable : la justice différée est une justice amputée, mais la justice enfin rendue est un flambeau pour l’avenir.
Merci à Son Excellence, le Général Président, pour cet acte de grande magnanimité. Car en réparant, il enseigne ; en rétablissant, il honore ; et en agissant, il inscrit son nom dans la noble lignée des hommes d’État qui, au-delà du pouvoir, font œuvre de mémoire et de justice.
Louis Fat Manho pour Yimbayanews.com