Devant le tribunal de première instance de Kankan (délocalisé à la cour d’appel). Ce jeune chauffeur est accusé de l’assassinat d’Adama Konaté, une commerçante au marché Dibida. Un crime que l’accusé a avoué aujourd’hui à la barre. Il a dit avoir poignardé sa victime à coup de couteau et accuse “satan” d’avoir eu raison sur lui. Dans un ton empreint de regret, il a demandé pardon aux parents de la victime avant de revenir sur les circonstances qui l’ont conduit à commettre ce crime.
Bangaly Traoré est apparu à la barre avec un mouchoir en main, le regard baissé, vêtu d’un maillot de couleur jaune. Marié à deux femmes et père de cinq enfants, il décline son identité et reconnaît les faits mis à sa charge dans cette affaire.
« Je reconnais les faits. Mais avant de parler, je demande pardon aux parents de la victime », a-t-il entamé, visiblement bouleversé.
Évoquant les circonstances dans lesquelles il a tué cette pauvre femme qu’il courtisait, Bangaly Traoré a accusé “satan” d’avoir eu raison de lui.
« Le jeudi 20 mars, c’était mon jour de repos. Le matin, j’ai envoyé mon véhicule au garage et je suis allé demander à Adama ce qu’elle avait dit à ma sœur. Car, la veille, elle avait refusé de prendre mon appel. J’ai envoyé ma sœur lui parler, mais elle a dit à ma sœur qu’elle ne m’épouserait pas. J’ai dit : OK. De retour, je l’ai vue assise dans son magasin. Après une discussion, je lui ai demandé de me donner de la place pour m’asseoir, mais elle a refusé. Cela m’a fait mal. Je suis alors sorti pour acheter un couteau et de l’herbicide. Cependant, en cours de route, je me suis dit que je devais laisser cette femme tranquille, comme mes femmes me l’avaient conseillé, puisque je travaille, que j’ai de l’argent et que je suis bien payé. Je suis allé à la maison au quartier Kankan Koura. Arrivé là-bas, quelque chose dans ma tête me disait d’aller la tuer. J’ai sursauté, puis je me suis dirigé vers son magasin. Arrivé là-bas, je l’ai trouvée et j’ai engagé une discussion avec elle. Mais, elle a dit que son fils était là et qu’il n’était pas loin. Quand je suis revenu, il a voulu se jeter sur moi, et j’ai sorti le couteau. Il a pris la fuite. Après, Adama s’est jetée sur moi, et je lui ai administré des coups de couteau. Ensuite, j’ai bu de l’herbicide pour me suicider. Mais, malheureusement, ce poison n’a pas eu l’effet escompté. Ce n’est qu’à l’hôpital, après qu’on a fait rentrer un raccord dans mes narines, que j’ai réalisé ce que j’avais fait. Sinon, c’est Satan qui a eu raison de moi. Les gens disent que j’avais dit ce jour-là aux personnes présentes de venir m’attraper si elles pouvaient, mais ce n’est pas vrai. Après l’avoir poignardée, j’ai bu l’herbicide pour me suicider. J’avais acheté le couteau à 20 000 francs et l’herbicide à 20 000 francs aussi. Je suis chauffeur, je ne suis ni un bandit ni un militaire. Je n’ai pas de fusil chez moi. Après les faits, j’ai moi-même couru pour aller me confier aux gendarmes. J’aurais aimé qu’il n’y ait eu qu’une simple bagarre entre elle et moi sans qu’il y ait mort. Aujourd’hui, ma vie est fichue à jamais. Pour tous ceux qui me connaissent, ils peuvent témoigner : je ne bois pas, je ne me drogue pas, je ne fume pas. Depuis 1994, je ne suis plus allé en boîte de nuit »
Mohamed Said Azhary pour Yimbayanews.com