L’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) vient de hausser le ton face à l’injonction du ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) lui demandant de suspendre son congrès extraordinaire prévu le 6 juillet 2025. Dans une correspondance officielle datée du 30 juin, signée par son président Cellou Dalein Diallo , le principal parti d’opposition conteste la légalité et l’impartialité de la décision ministérielle, qu’il qualifie de “partialité manifeste” et de “violation grave des libertés fondamentales”.
Un rappel à l’ordre contesté
Dans une lettre référencée n°0834/MATD/CAB/2025, le MATD a exigé de l’UFDG de surseoir sans délai à l’organisation de son congrès, invoquant des irrégularités internes au processus et appelant à un dialogue inclusif intégrant notamment le Mouvement des Réformateurs de l’UFDG (MR-UFDG). Ces injonctions sont assorties d’un ultimatum de 48 heures, sous peine de sanctions administratives et judiciaires.
Mais pour le leader de l’UFDG, cette démarche du ministère est non seulement infondée sur le plan juridique, mais aussi entachée de partialité. « Vous avez fondé vos injonctions exclusivement sur la version du Mouvement dit des Réformateurs, sans entendre la nôtre. Cette façon de faire n’est pas équitable », écrit Cellou Dalein Diallo.
Une “immixtion illégale” dans la vie interne du parti
Dans sa réponse, l’ancien Premier ministre défend la régularité de la convocation du congrès, précisant que la Direction nationale du parti, seule instance habilitée, a respecté les délais statutaires. Il rappelle également que l’événement a été initialement convoqué dès janvier 2025, puis suspendu sur décision judiciaire avant d’être réautorisée par le Tribunal de Première Instance de Dixinn dans un jugement rendu le 23 mai dernier.
Cellou Dalein Diallo dénonce par ailleurs l’intervention du ministère comme une atteinte à l’autonomie des partis politiques. Selon lui, le MATD outrepasse ses compétences en s’imposant comme arbitre d’un conflit interne qui relève exclusivement de la compétence des instances statutaires du parti ou, à défaut, de la justice. « En aucun cas, le ministre ne peut trancher un litige entre membres ou imposer une décision à un parti », insiste-t-il.
Le congrès maintenu… sauf décision contraire de la justice
Le président de l’UFDG réfute également les allégations selon lesquelles la tenue du congrès constituerait une menace à l’ordre public, condition pourtant indispensable à une telle interdiction selon la Charte des partis politiques. Mieux encore, il soutient que la décision ministérielle viole le principe de la séparation des pouvoirs et pourrait être annulée pour excès de pouvoir par la Cour suprême.
Enfin, tout en se disant ouvert au dialogue avec tout cadre désireux de réintégrer les rangs du parti “dans le respect de ses valeurs et textes fondateurs”, Cellou Dalein Diallo maintient que le congrès de l’UFDG se tiendra comme prévu le 6 juillet, sauf décision contraire de la justice.
À quelques jours de la date prévue pour le congrès, les regards sont désormais tournés vers la justice, seule autorité que reconnaît l’UFDG pour trancher ce contentieux.
Mohamed Said Azhary pour Yimbayanews.com