Spécialiste des Ressources Humaines
Diplômé en Sociologie des Organisations
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Introduction
L’éducation constitue l’un des piliers du développement durable d’un pays. Elle façonne les générations futures, structure le capital humain et conditionne la compétitivité nationale. En Guinée, le système éducatif, notamment au niveau du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC) et du lycée, fait face à des défis multiples. Cet article propose une analyse comparative entre la Guinée et quelques pays africains (Côte d’Ivoire, Sénégal, Togo, Cameroun), afin de dégager des bonnes pratiques transférables. L’objectif est de formuler des propositions concrètes pour l’amélioration du système éducatif guinéen à l’attention des décideurs publics.
Aperçu du système éducatif guinéen
Le système éducatif guinéen est structuré en trois cycles : primaire, secondaire (BEPC et lycée), et supérieur. À ce jour, plusieurs contraintes limitent son efficacité :
– Un baccalauréat à dominante théorique, peu orienté vers les compétences professionnelles ou techniques, limitant l’employabilité des jeunes diplômés ;
– Faible valorisation des langues, notamment les langues étrangères, essentielles dans un monde globalisé ;
– Manque d’infrastructures adaptées, notamment dans les zones rurales ;
– Insuffisance de formation pédagogique continue pour les enseignants ;
– Taux d’achèvement en recul à plusieurs niveaux du cycle pré-universitaire, lié notamment aux redoublements, aux abandons et aux conditions socio-économiques.
Analyse comparative : quelles leçons tirer ?
1. Côte d’Ivoire : Une transition numérique prometteuse
La Côte d’Ivoire a introduit plusieurs réformes ambitieuses dans l’éducation secondaire, notamment :
– Le programme « Écoles Numériques » visant à équiper les établissements secondaires de tablettes et contenus pédagogiques numériques ;
– Une révision des curricula pour mieux intégrer les compétences transversales et techniques ;
– Un effort dans la formation initiale et continue des enseignants, notamment via les Instituts Pédagogiques Nationaux.
Leçon pour la Guinée : Intégrer les TIC dans les lycées et généraliser la formation continue.
2. Sénégal : Valorisation des langues et enseignement professionnel
Le Sénégal se distingue par :
– Un système d’évaluation plus structuré, incluant l’évaluation des compétences linguistiques et transversales ;
– Un fort investissement dans l’enseignement technique et professionnel (TVET) à travers des lycées professionnels et l’implication du secteur privé.
Leçon pour la Guinée : Repenser le bac pour y inclure une composante professionnelle, et renforcer les parcours en langues.
3. Togo : Innovations pédagogiques et inclusion
Le Togo expérimente des approches pédagogiques innovantes :
– Introduction de modules de vie pratique et de projets dans l’enseignement secondaire ;
– Renforcement de la politique d’équité éducative, notamment à travers des bourses ciblées et des programmes pour les filles et les enfants défavorisés.
Leçon pour la Guinée : Développer des partenariats éducatifs, y compris avec les ONG, pour assurer une éducation équitable et inclusive.
4. Cameroun : Une gestion exemplaire de la diversité linguistique
Le Cameroun, pays bilingue (français/anglais), a su transformer cette diversité en atout :
– Offre d’enseignement bilingue dans plusieurs établissements ;
– Coexistence de deux systèmes éducatifs enrichissant les perspectives pédagogiques ;
– Promotion de l’enseignement technique dès le secondaire.
Leçon pour la Guinée : Promouvoir un enseignement multilingue et renforcer les filières techniques dès le BEPC.
Bonnes pratiques à adapter en Guinée
À la lumière des expériences observées, plusieurs réformes pourraient être envisagées pour améliorer la qualité de l’enseignement pré-universitaire en Guinée :
– Réforme du baccalauréat pour y intégrer des modules professionnels et techniques ;
– Introduction systématique des TIC dans les établissements secondaires ;
– Renforcement de l’enseignement des langues, y compris l’anglais, dès le collège ;
– Création de lycées techniques régionaux, pour diversifier les choix post-BEPC ;
– Mise en place de mécanismes d’évaluation rigoureuse, au-delà des seuls examens écrits ;
– Égalité des chances via des politiques de soutien aux élèves vulnérables (bourses, internats, alimentation scolaire).
Conclusion
L’analyse régionale démontre qu’il est possible, avec de la volonté politique et une planification rigoureuse, de transformer en profondeur un système éducatif. La Guinée n’a pas à tout réinventer ; elle peut s’inspirer de ses voisins pour accélérer ses propres réformes. Un dialogue renforcé entre pays de la sous-région pourrait ouvrir la voie à des coopérations éducatives Sud-Sud fructueuses.
Recommandations opérationnelles
1. Organiser des assises nationales sur l’éducation, incluant les syndicats, parents, enseignants et partenaires techniques ;
2. Mettre en place une cellule de veille éducative pour documenter, adapter et suivre les bonnes pratiques dans la sous-région ;
3. Piloter un projet pilote de réforme du bac, avec une approche par compétences ;
4. Évaluer systématiquement l’impact de toute réforme, à travers des indicateurs clairs, des évaluations participatives et des retours d’expérience du terrain.
Souhaitant que cette contribution suscite réflexion et action, je me tiens à disposition pour toute collaboration visant à faire de l’éducation guinéenne un levier de transformation sociale et économique durable.
Signature
Ismael SOMPARÉ sur Yimbayanews.com